MOBILITÉ
La France s’est mise au vélo et la tendance est en passe de se confirmer grâce au vélotaf et au tourisme.
C’est un constat : selon une étude de l’Observatoire société et consommation (ObSoCo), 55 % des ménages sont équipés d’au moins un vélo. Par Henry SALAMONE
En 2021, près de 2,8 millions de vélos qu’ils soient neufs ou occasions, se sont vendus en France, avec un chiffre d’affaires record atteint en 2021. Une croissance forte qui est tirée notamment par l’émergence d’un sous-secteur, le vélo à assistance électrique. Les pouvoirs publics ont suivi avec attention cette tendance et ont lancé des programmes de développement des infrastructures cyclables afin de favoriser ce mode de transport moins polluant et plus sain, notamment dans les grandes métropoles. Les enjeux sont de taille et pas qu’un peu !
En effet, le gouvernement voudrait que la France devienne le premier pays du tourisme à vélo, place actuellement occupée par l’Allemagne. Autre challenge, l’ambitieux plan interministériel Vélo et marche 2023-2027 présenté par la Première ministre Élisabeth Borne en mai dernier. Cette dernière a fixé l’objectif de 100 000 km de pistes cyclables en 2030, soit le double du kilométrage actuel. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement veut y consacrer 1,5 milliard d’euros.
Le pari est aussi économique. Ce sont 854 000 vélos qui ont été assemblés dans des usines françaises en 2022 et le plan interministériel, ambitieux, vise 1,4 million en 2027 et 2 millions en 2030. Des chiffres impensables avant la crise de la Covid 19.
Le tourisme à vélo, générateur de recettes pour les territoires
Le chiffre d’affaires généré par le tourisme à vélo en 2020 était estimé à 4,6 milliards d’euros, d’après la Direction générale des Entreprises. Et preuve que la France est attractive, en cinq ans, les recettes liées au vélotourisme sur l’itinéraire de La Loire à Vélo ou en Bretagne, destinations phares, ont carrément doublé.
Depuis maintenant plus de 10 ans, la pratique du vélo connaît une hausse de fréquentation à deux chiffres
Sophie Rapinel / Responsable pôle itinéraires et tourisme à vélo de l’association Vélo et Territoires
Elles dépassent désormais les 100 millions d’euros par an sur la Vélodyssée. Un tracé qui part de Roscoff dans le Finistère pour arriver à Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques où des infrastructures se sont développées comme des hébergements ou encore des loueurs de vélo, sans oublier des réparateurs.
Mais attention, il ne faut pas s’emballer avec ces chiffres qui sont en fait l’arbre qui cache la forêt car, loin s’en faut, ce n’est pas le cas dans toutes les régions. Un immense travail reste à entreprendre ne serais-ce que pour répondre à la demande de plus en plus exigeante des cyclos randonneurs. Ils pointent notamment du doigt le manque d’infrastructures sur des tracés qui sont moins sous les feux des projecteurs.
La SNCF encore et toujours à la traîne
Et que dire des trajets train plus vélo ? Que le chantier est gigantesque avant de pouvoir répondre à la demande. Et même si des efforts sont faits, on est loin du compte. Certes, il y a de plus en plus de vélos dans les TER, mais pas beaucoup de places dans les TGV. En été, la réservation, sur les TGV comme les TER, est impérative. La SNCF promet de passer de quatre à huit emplacements pour vélos dans les TGV en 2024 et 2025 pour les Ouigo. Trop peu au regard des objectifs à atteindre. Quant au vélo au quotidien, le plan interministériel prévoit dans les 1 100 gares les plus fréquentées la création de 90 000 places de stationnement sécurisées en 2027, trois fois plus qu’aujourd’hui. Dossier à suivre.