MOBILITÉ DOUCE
Voyager à vélo en France et rentrer par le train avec emport vélo reste un vrai parcours du combattant. Par Serge Klébairt
Développer une itinérance bas carbone, faut-il encore que l’emport vélo soit renforcé sur les territoires. Ces derniers ont besoin du train. Et c’est loin d’être le cas partout.
Dans le cadre du nouveau plan vélo 2023-2027, présenté par Elisabeth BORNE, un des objectifs est faire de la France la première destination pour le cyclotourisme d’ici 2030. Le voeu est pieu mais encore faut-il mettre en place des services qui soit à la hauteur des ambitions. C’est loin d’être le cas notamment en matière de transport.
La France bénéficie à ce jour d’un réseau de 59 itinéraires soit près de 26 115 km, inscrites au schéma national des véloroutes et parcouru par 10 parcours EuroVelo, des itinéraires sur plusieurs jours reliant des départements entre eux. Belle initiative qui parfois vire au cauchemar quand on décide de prendre le train pour revenir par exemple à son point de départ. Pour beaucoup de cyclotouristes interrogés cet été, prendre le train est tout simplement pratique : « Ça évite de faire l’aller-retour sur la même route surtout avec des enfants […] On part une journée et on fait 80 km pour revenir au point de départ. »
En France comme en Europe, les compagnies ferroviaires
considèrent le vélo comme une gêne
Si certaines Régions l’ont bien compris comme le Centre Val de Loire et Pays de Loire, en proposant des trains renforcés à la période estivale, d’autres Régions comme Grand EST et Occitanie refusent de renforcer ce service sur certaines lignes très fréquentées. Elles se limitent à de la réservation, comme sur les 2 lignes d’Occitanie, Avignon Toulouse et Avignon Port Bou. Souvent, l’accueil des vélos dépend aussi du degré de tolérance du contrôleur. Un véritable casse-tête qui entraîne bien des situations inextricables.
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Entre interdiction, réservation uniquement le week-end ou encore le refus de charger les remorques, il y a un sacré chantier à mettre en place côté SNCF pour offrir un service oh combien précieux et utile. Face à la demande croissante des clients, la SNCF a prévu d’accroître encore les emplacements réservés aux vélos dans ses trains. Mais nul doute que cela prendra un certain temps avant d’arriver à satisfaire tous les amateurs de petite reine, car l’exercice n’est pas toujours facile. Et si sur les TGV Inoui par exemple, le système de réservation promet 30% de places vélos en plus à la vente depuis 2020 selon l’opérateur public, l’emport vélo est loin de répondre à la demande.
LE SAVIEZ-VOUS ? Le collectif « Mon vélo dans le train » constitué de douze structures associatives du monde du vélo, des transports et de l’environnement dont la Fédération française de cyclotourisme souhaite porter la voix des usagers auprès des autorités organisatrices et des opérateurs afin qu’ils adoptent des mesures à la hauteur des enjeux. |
Il faudra donc dans un avenir très proche se pencher sérieusement sur cette problématique afin de mettre en place un vrai service digne de ce nom, et de ne pas palier à cette lacune par des actions marketing dont la SNCF s’est nous gratifier. On se souvient encore de l’affaire des trains du Centre-Val de Loire qui ont été pris d’assaut par les cyclistes durant les week-ends prolongés de mai 2023. Une affluence qui avait causé la perturbation du trafic.