La renaissance de l’industrie régionale du vélo en France connaît un nouvel élan, porté par des initiatives régionales.

La renaissance de l’industrie régionale du vélo en France connaît un nouvel élan, porté par des initiatives gouvernementales ambitieuses et un engouement croissant pour ce mode de transport écologique. Cette dynamique s’inscrit dans une volonté de relocalisation industrielle et de développement durable.
Par Henry SALAMONE / FSV

Le gouvernement français a lancé un plan vélo d’envergure, doté d’un budget de 2 milliards d’euros. Ce dernier vise à tripler la part du vélo dans les déplacements quotidiens d’ici 2027. Ce plan comprend un volet industriel crucial, avec une enveloppe de 55 millions d’euros, destiné à stimuler la production nationale de vélos. Aussi, pour concrétiser ces ambitions, le gouvernement a lancé l’appel à projets “Industrie du vélo” et ce, dans le cadre de France 2030

Ce dispositif vise à soutenir l’innovation et la structuration de la filière, à améliorer la compétitivité et la souveraineté de l’industrie du vélo mais aussi à encourager les investissements productifs. Doté d’un budget initial de 20 millions d’euros, cet appel à projets couvre l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’assemblage au recyclage.

Les défis de la relocalisation

Malgré ces initiatives prometteuses, la relocalisation de l’industrie du vélo en France doit faire face à plusieurs défis. Tout d’abord, à la dépendance aux composants étrangers. En effet, la fabrication d’un vélo nécessite des centaines de pièces et composants. Or, la France reste très dépendante de l’étranger, notamment de l’Asie, pour de nombreux éléments clés comme les cadres et les fourches.

Ensuite, à la structuration de la filière. Pour répondre à la demande croissante, la filière française du vélo s’organise. Des clusters régionaux comme Vélo Vallée en Occitanie, CARA en Auvergne-Rhône-Alpes et CYGO dans le Grand Ouest se sont mis en place pour fédérer l’ensemble des acteurs du secteur. Une prise de conscience qui aujourd’hui commence vraiment à porter ses fruits.

PME et artisans, acteurs de la renaissance

Pour ce faire, de nombreux artisans et petites et moyennes entreprises participent de manière concrète à cette renaissance comme l’association “Les Artisans du cycle“, qui regroupe une trentaine d’acteurs. Elle illustre à merveille cette dynamique. Ces structures misent sur la qualité, l’innovation et la proximité pour se démarquer.

Où encore Arcade Cycles, une entreprise majeure dans l’industrie du cycle en Europe qui a ouvert une nouvelle usine à La Roche-sur-Yon en Vendée, soulignant son engagement en faveur de la réindustrialisation du vélo en France.

Autre façon de participer à cette renaissance ? Les initiatives collaboratives. Des projets collaboratifs voient le jour, à l’image du “Formidable“, proposé par la société GALIAN, située à Rennes, un vélo cargo et longtail électrique fabriqué et assemblé par plus d’une dizaine d’artisans et industriels français.

Et au regard de cette prise de conscience, la renaissance de l’industrie régionale du vélo en France est sur de bons rails et s’annonce prometteuse, portée par une volonté politique qui reste forte et un marché fluctuant en quête de polyvalence.

En 2023, selon les chiffres communiqués par l’Union Sport et Cycle,  le marché total du cycle a reculé à 3,4 Mrds€, soit une baisse de 5,5% par rapport à 2022. Il s’est vendu 2 231 000 vélos, ce qui représente une baisse de 14% toujours en comparaison avec l’année précédente.

Comment les vélos électriques impactent-ils la filière du vélo en France ?

Les vélos à assistance électrique (VAE) sont devenus le moteur principal de croissance du marché du vélo en France. Ils assurent 61% de la valeur totale et représentent 43% des ventes de véhicules électriques. En 2023, 53% des vélos fabriqués en France étaient tout simplement électriques.

A y regarder de plus près, les VAE modifient profondément la structure du marché. Le prix moyen par exemple d’un VAE (1 967€) est nettement supérieur à celui d’un vélo classique musculaire (553€). Sans compter de nouveaux segments qui émergent, comme le “gravel” ou encore les “vélos cargos électriques” (33 000 unités vendues en 2022). La cyclologistique et la prise de conscience des familles à abandonner leur deuxième voiture boustent incontestablement le marché, un marché qui s’oriente vers des modèles à plus forte valeur ajoutée.

Beaucoup de famille, surtout en milieu urbain, se tournent vers les vélos longtail à assistance électrique

C’est le cas pour l’entreprise Radior Bike qui incarne l’esprit novateur et l’enthousiasme entrepreneurial, avec un engagement clair en faveur de la mobilité durable. Grâce à ses vélos à assistance électrique “Garuda” et “Phen’x”, fabriqués dans l’Ain, l’entreprise s’est rapidement hissée au rang des acteurs incontournables de la mobilité douce. Ce qui rend Radior-Bike véritablement unique ? C’est son approche artisanale enracinée dans la région.

Mais il ne faut pas perdre de vue que l’essor des VAE pose également des défis. A commencer par la nécessité d’adapter les chaînes de production et de développer de nouvelles compétences, mais aussi le besoin d’investissements importants pour rester compétitif face à la concurrence étrangère agressive, sans oublier les enjeux d’approvisionnement en composants électroniques et batteries. La société Néomouv, pionnière sur le secteur, se place dans le Top 5 des marques représentant “le meilleur rapport qualité prix et un service après-vente efficace“.

Les perspectives

Malgré un léger recul en 2023 (-9% des ventes de VAE), les perspectives restent positives. Si le gouvernement soutient la filière avec un plan de 55 millions d’euros, il est à noter que le VAE est vu comme un levier majeur pour atteindre les objectifs de mobilité durable. Pour cela, de nouveaux services autour du vélo connecté émergent, offrant des opportunités de différenciation.

L’utilisation des vélos électriques connaît une forte progression en France. Cette tendance s’explique notamment par une meilleure accessibilité, des prix plus abordables et des caractéristiques améliorées comme le pédalage assisté et les fameuses boîtes automatiques.

Côté chiffres, 1 foyer sur 5 possède désormais un vélo électrique (19%), 42% des utilisateurs déclarent l’utiliser plus souvent qu’il y a 5 ans et 32% ont l’intention de l’utiliser davantage à l’avenir. Des données qui laissent présager un changement des habitudes dans sa manière de se déplacer, ne serais-ce qu’au quotidien. Ils facilitent notamment l’intermodalité en permettant par exemple de combiner facilement vélo et transports en commun.

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Bref, pour réussir ce pari industriel, la France devra persévérer pour être performante en matière de mobilité douce. Pour cela, elle doit relever plusieurs défis : développer une chaîne d’approvisionnement locale pour les composants clés, former une main-d’œuvre qualifiée et investir dans la recherche et l’innovation pour rester compétitif. Le pari est ambitieux mais pas irréaliste.

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