ÉCONOMIE

Le marché du vélo à assistance électrique est-il victime de son succès après la vague de fermetures d’entreprises ?

Le marché des vélos à assistance électrique est-il dans une mini tourmente, victime d’un succès trop rapide ? C’est la question que l’on peut se poser face à la multitude de fermetures d’entreprises spécialisées sur ce segment. Peut-être un mal pour un bien afin de stabiliser un marché encore mouvant.

Après VanMoof, Gleam ou encore Fyer et Revonte, deux autres acteurs de la filière du vélo à assistance électrique mettent la clé sous la porte : Kiffy, la marque française spécialisée dans les vélos cargos électriques, plombée en partie par une livraison tardive de moteurs et batteries Bosch et qui, sans repreneur, cesse ses activités et le danois Mate Bike, essentiellement tourné dans les VAE pliants qui accuse aujourd’hui une dette de plus de 9 millions d’euros.

Selon les spécialistes, l’une des causes explicatives est liée à la perte de vitesse du secteur. Après la Covid 19 et les premiers confinements, le marché du vélo à assistance électrique a connu un boom exponentiel. Au point que l’on a vu émerger des modèles de plus en plus cher, hyper connectés et au design épuré pour mieux démarcher le grand public. De fonctionnel au départ pour suppléer la voiture lors de courts déplacements, le VAE est devenu un deux roues surfant sur une tendance qui reste, malgré une progression continue, à confirmer.

Le e-cargo, véritable révolution des mobilités urbaines

Il est vrai que les entreprises ont du faire face à des soucis d’approvisionnement et, par effet boomerang implacable, n’ont pas pu répondre à la forte demande de l’époque. Et force est de constater au regard des courbes que la progression s’accentue plus sur certaines catégories, à l’exemple du segment des e-Cargos, quasi-inexistant sur le marché français il y a encore cinq ans. Dans cette révolution des mobilités urbaines, il tire son épingle du jeu grâce notamment à la clientèle familiale mais aussi professionnelle. Toyota l’a bien compris. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le marché du e-Cargo a augmenté de 96% avec près de 33 000 unités vendus sur l’année 2022 dont 22% sont fabriqués en France, soit environ 8 339 vélos.

L’autre cause majeure, c’est l’émergence d’une multitude de marques surfant probablement sur la tendance et donc de modèles qui ont envahi le marché. Selon certains, « Trop de VAE, tue le VAE. » Pour confirmer cette citation, les constructeurs se sont retrouvés avec un parc de vélos neufs et assemblés, qu’il a fallu vendre moins cher pour écouler les stocks. Quitte à vendre à perte. On se souvient de la déconvenue de Angel Mobility qui voulait révolutionner la mobilité avec Angell, un vélo à assistance électrique connecté. Résultat, le modèle a été bradé chez Carrefour à un prix ridicule !

La filière automobile créatrice de nouvelles innovations

Et si le marché surfe encore sur une croissance continue, il le doit probablement avec l’influences d’autres filières comme l’arrivée de nouveaux acteurs issus de l’automobile. Elle permet à l’industrie du cycle de s’enrichir de nouvelles innovations. Par exemple, Bontaz, une entreprise spécialisée dans la conception de freins et de moteurs hydrauliques, transpose ses compétences techniques acquises dans le secteur de l’automobile au secteur du vélo.

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Sans oublier les aides de l’Etat. Elles ont été reconduites jusqu’au 31 décembre 2023 dans le but de booster l’offre vers l’acquisition d’un VAE. Un vrai coup de pouce face à la hausse de l’inflation qui pénalise fortement le pouvoir d’achat des ménages. Encore faut-il transformer l’essai même si la France apparaît comme l’un des marchés les plus porteurs en Europe dans les prochaines années pour le développement du vélo. Pour doper la dynamique, la place du vélo en ville a été remise au premier plan des politiques locales.

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