ÉCONOMIE

Le vélo à assistance électrique dope la filière française qui connaît une nouvelle vitalité.

En cette année 2023, les conversations dans l’univers du cycle tournent souvent autour de la réindustrialisation en France de la filière vélo. Le gouvernement souhaite l’assemblage d’1,4 million de vélos dans l’hexagone d’ici 2027 et de 2 millions d’ici 2030.

En 2021, Pierre Sterne le président du club des villes et territoires cyclables et conseiller régional d’Ile-de-France du parti écologiste prédisait : « le marché du vélo en France peut atteindre 8 milliards d’euros et aller jusqu’à 20 milliards avec les revenus indirects […] il faut vraiment relancer cette filière qui est indispensable à la mobilité et capable de créer des milliers d’emplois.» Et aujourd’hui, la filière recrute bel et bien et une Académie des métiers du vélo a même vu le jour à l’automne 2020 avec comme objectif la formation de 1 250 réparateurs en 2023.

Mais relancer la filière ne semble pas être un long fleuve tranquille. Pour preuve, le fiasco de la relocalisation des cycles Mercier à Revin dans les Ardennes. Un temps soutenu par l’Etat, ce dernier a fait volte-face en se désengageant du projet suite aux procédures judiciaires lancées à l’encontre de Trace Sport. Un an après cet échec, c’est Cibox, société spécialisée sur le marché des trottinettes et vélos à assistance électrique qui a décidé d’installer sur le site de Revin un atelier de service après-vente, avant de lancer sa production au premier trimestre 2024. A noter que Cibox fait assembler ses produits en Chine, en Roumanie et au Portugal.

Les industriels misent sur la relocalisation

Alors que dans les années 1970 et 1980, 100 % des composants étaient produits en France, force est de constater qu’environ un tiers des composants d’un vélo à assistance électrique et moins de 20 % pour un vélo musculaire sont aujourd’hui fabriqués sur notre territoire. À l’exception des artisans. Ces derniers sont peu ou prou une quarantaine et produisent chacun près d’une centaine de vélos haut de gamme.

Alors, comment passer du rêve à la réalité sans tomber dans l’utopie ? La crise de la Covid, la guerre en Ukraine ou encore les tensions avec la Chine ont eu pour effet de mettre en exergue notre dépendance à l’approvisionnement venu d’ailleurs. Une prise de conscience exacerbée par une forte demande des consommateurs qui fait qu’aujourd’hui, fabricants et équipementiers se tournent résolument vers l’opportunité de produire dans l’hexagone. Sans oublier les industriels qui jouent la carte de la relocalisation et caressent le doux rêve, que la France redevienne un des premiers pays reconnu pour son savoir-faire.

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Acteur majeur de l’univers du vélo, la Manufacture française du cycle ( MFC ), filiale d’Intersport et plus important fabricant de vélo de France, prévoit une production de 700 000 vélos en 2024. Des prévisions optimistes qui devraient engendrer des emplois et créer de nouveaux métiers. De son côté, Moustache Bike, un des poids lourds du segment du VAE, est passé du rêve à la réalité en internalisant l’assemblage des roues et en ouvrant une troisième ligne de production.

La France pourrait s’inspirer aussi du Portugal où la vallée d’Agueda est désormais surnommée la vallée du vélo. Là-bas, l’industrie s’y développe. On y trouve des fabricants de selles, de roues, de pédaliers et même le seul fabricant européen de cadres en aluminium. Neomouv, entreprise sarthoise spécialisée depuis 20 ans dans la filière du vélo à assistance électrique, a annoncé au printemps dernier l’acquisition, via sa maison mère VAxE, de 80% du capital de la société Unibike, son partenaire historique au Portugal.

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Les industriels de l’automobile investissent dans la filière du cycle

Face à ce sursaut patriotique, des équipementiers automobiles ont senti le bon filon en investissant également pour se diversifier dans le vélo à l’image par exemple de Bontaz (40 M€) ou encore de Valeo qui propose sa solution innovante, intégrant moteur électrique et boîte de vitesses automatique. Autre exemple d’investissement, à Auxi-le-Château dans le Pas-de-Calais où la société Agla Form s’est associé à Fifteen, une société fournisseur de vélos en libre service pour les communes afin de lancer une ligne d’assemblage de VAE. Cette dernière a été inaugurée en mai 2023. Son souhait étant de produire d’ici à trois ans 45.000 vélos environ et ce, pour 50 salariés.

Et puis, il y a la cyclologistique, une branche de la filière cycle qui se structure pour répondre au grand défi de la décarbonation des villes. Une niche réunissant à la fois les professionnels et le grand public avec deux catégories de machines : les vélos cargo et les longtrail. Sur les 33 000 vélos-cargos vendus en 2022, 22% sont fabriqués en France, soit près 8 339 vélos. Quant à la part des composants produits dans notre pays sur l’ensemble de la production, elle correspond à 73% des roues et 66% des cadres/châssis fabriqués sur notre territoire.

Seul bémol, seulement 18% des batteries et 12% des motorisations sont d’origine française. Aussi, ne soyons pas étonné que le chiffre d’affaires de la filière du vélo-cargo électrique interpelle les économistes. Selon l’étude de la Fédération professionnelle de la cyclologistique, depuis l’arrivée de ces vélos sur le marché intérieur, entre 2018 et 2023 la filière a généré de 4 100 000 € à 47 300 000 € de chiffre d’affaires soit 10 fois plus en 5 ans.

Alors, est-ce une utopie d’imaginer que la France puisse fabriquer un vélo 100% Made in France et ce, à grande échelle ? Beaucoup le pense car face à des géants comme Shimano, entreprise japonaise spécialisée dans la fabrication des groupes de transmission et composants pour cycles et qui domine le marché mondial malgré la concurrence de l’américain de Sram et de l’italien Campagnolo, la reconquête de notre savoir-faire sera ardue voire quasi impossible. Mais de dit-on pas qu’impossible n’est pas français ?


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Made in France : pourquoi ne fabrique-t-on plus de vélos chez nous ?
Peugeot, Gitane, Mercier… Il fut un temps où la France régnait sur l’industrie du vélo. Puis le pays s’est rêvé « sans usines », et a vendu tout ce qu’il avait à l’Asie. Aujourd’hui, l’heure de la revanche a sonné, et la filière rêve de reconquête. Est-ce raisonnable d’y croire, alors que sur 20 vélos vendus en France, seulement 3 sont encore produits chez nous ? Les Echos ont mené l’enquête en vidéo.

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